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Musée Historique

L’histoire d’un emblème : Le Coq Gaulois

Le coq est le plus ancien emblème de la France. Connu de tous, il parcours les siècles, sans trop savoir finalement pourquoi. 

Comment a t-il parcouru les siècles ?

  • Naissance d'un symbole

  • La religion

  • L'art

  • La royauté

  • La république

Sans conteste, le Coq Gaulois est un emblème de cœur qui accompagne les Français depuis les temps antiques.

Emblème indissociable de l’esprit Français, il est largement utilisé pour fédérer autour de lui. Bien avant la Marianne, le drapeau tricolore, l’aigle ou bien le lyse, il représente l’esprit Français, sans connotation religieuse, royale, politique ou démocratique. Il est le symbole du peuple, uni et vigoureux.

  

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De nombreuses organisations utilisent le Coq Gaulois comme symbole :

etc.

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Mais face à une telle popularité, il est étonnant de constater l'indifférence moderne portée sur "La" race à l'origine de cet emblème.

Nos recherches à son sujet nous poussent à compiler ici l'histoire de cet emblème ; de cette race.

Les plus grands historiens ne font, bien souvent, référence dans leurs récits, qu'à l'emblème iconographique du coq, comme on pourrait parler du dragon, symbole du Pays de Galles. Bernard Richard dans son ouvrage « les emblèmes de la République », par exemple, débute son chapitre sur le Coq Gaulois, en distinguant le nom "coq gaulois" donné à la figure symbolique du coq prise comme emblème représentatif de la France, afin de le distinguer du coq simple animal de basse-cours. [1]   A croire que l’icône du coq n’existe que dans l’imaginaire collectif. C'est enterrer un peu vite la race du Coq Gaulois, pourtant bien vivante dans nos poulaillers, depuis des siècles ; ou plus exactement celle de la volaille Gauloise saumon dorée (standard officiellement reconnu par la Commission Française des Standards de Volailles).

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​La genèse

L'antiquité a fait du coq blanc un oiseau sacré, lumineux, dédié aux dieux, particulièrement à Mercure (Hermès en grec, qui guide les âmes) et Mars (Ares en grec), car la vigilance était une précieuse alliée au combat. Grecs et Latins (et donc Romains) le considéraient par nature, à la fois vaillant, belliqueux et vigilant. Cet oiseau solaire était pour les philosophes le symbole de la beauté, de la lumière et de l’immortalité de l’âme. Pour ces vertus, il était interdit de le consommer.[1]

Étymologie

A l’origine les auteurs latins utilisent le nom de Gallia (« Gaule ») et celui de Galli (« Gaulois »), pluriel de Gallus, pour désigner les Celtes installés en Gaule et en Galatie occidentale.

Le nom de « Gallia » est attesté pour la première fois avec un écrit de Porcius Caton vers 168 av. J.-C., mais son emploi est très probablement beaucoup plus ancien.

On ne connaît pas avec certitude l'étymologie du terme latin Gallia, mais il pourrait être lui-même un emprunt au celtique. Peut-être s'agit-il d'un type *galiā, d'un radical *gal-, qui devait désigner la force, terme restitué d'après le vieil irlandais gal « fureur guerrière », également radical du gallois gallu « pouvoir ». Les "Galli" seraient donc « les forts », « les puissants » ou « les furieux » qui envahirent ce territoire.[4]

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Naissance d’un emblème

Cependant, c'est seulement avec les Commentaires sur la Guerre des Gaules (58-51 av. J.C.), de Jules César, que ce terme va se diffuser largement.

En effet, la légende raconte que face à ces peuples d'éleveurs, Jules César, fut saisit de la présence omniprésente de cette volaille dorée, dans les fermes. Ce culte porté aux volailles se retrouve jusqu'aux ailes accolées sur les casques des guerriers gaulois, repoussant l'envahisseur Romain. Largement repris par la bande dessinée d'Astérix, avec Chanteclairix, le coq du village.

Le coq se traduisant "Gallus" en Latin, Jules César diffusa largement le nom de "Gallus", le Gaulois, sans doute frappé par cette homophonie, pour nommer les habitants de cette nouvelle contrée conquise, et qui deviendra plus tard, la France, sous le règne des Capétiens. Ce qui était un simple jeu de mot au début, est devenu une vraie identité, ancré dans l’histoire de ce peuple. Il faut croire que les qualités de vaillance, d’éloquence (alerteur) et de vigilance [1], reconnues au coq des dieux romains, collaient bien à l’image de nos ancêtres.

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Mercure (1780) marble,Augustin Pajou -
Ganymède._Cratère_en_cloche_à_figu
homme_offrant_un_rameau_d'olivier_à_un

La monnaie fait son apparition en Gaule au VIe siècle av. J.-C. par la colonie grecque établie à Marseille qui frappe des oboles. Progressivement, elle se répand parmi les peuples limitrophes (vallée du Rhône). [2]

Mais des pièces à l’effigie du coq ne sont retrouvées qu’à partir du Ier siècle av. J.-C., traduisant l’influence déjà marquée des Romains.

 

L'emblème des Gaulois était né, détrônant l'emblème du sanglier jusqu'ici représentant les différents peuples divisés de la Gaule (des gaules). Car contrairement à la légende, nos « ancêtres les gaulois », sauvages et rebelles, n’avaient sans doute pas encore pour emblème le coq. 

 

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Une longue idylle symbolique

Depuis, cette période de Romanisation, le coq gaulois ne quitta plus le peuple Français, même si leur longue idylle amoureuse fut marquée de hauts et de bas.

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Du coq, attribut des dieux Romains, à celui du peuple français sous la Révolution, il a été tantôt oublié, puis moqué, pour devenir au Moyen-Âge symbole de vigilance chez les Chrétiens, puis symbole royal, révolutionnaire et enfin mascotte des sportifs. Ce symbole polysémique a su s’enrichir et toujours veiller sur les Français.

 

Moqué et oublié

Symbole biblique

Les premiers textes, au IVe siècle (Prudence et St Ambroise), consacrés au symbole du coq, font de lui l'animal de la vigilance qui lutte contre les tentations et les démons de la nuit. Le coq figure donc souvent dans les premiers siècles de l’Église, comme un signe de lumière et d’espoir de résurrection.[2]

 

L’archevêque St Eucher de Lyon (435-449), comme d’autres au XIIIe, voient dans le coq, l’image du prêtre (prédicteur) : « Comme le coq, le saint prédicteur s’adapte à son auditoire, modulant sa voix selon qu’il chante les douceurs célestes ou décrit les tourments de l’enfer. Le coq est donc identifié au prêtre de paroisse, dont le principal devoir est désormais le sermon public, destiné à renseigner les fidèles et à écarter toute déviation hors de l’église. Rien d’étonnant, donc, à voir ce symbole de vigilance cléricale orner les clochers à partir du IXe siècle. [2]

 

Comme l’enseigne l’évangile qui raconte les reniements de saint Pierre, il éveille tous les fidèles endormis

dans le péché, il avertit le juste de rester dans la vraie droite. [2]

 

On retrouve trace d’un coq érigé sur le haut de l’abbaye Saint-Pierre de Westminster, sur la broderie de Bayeux

au XIème siècle, mais il existe des traces écrites antérieures. [1]

 

Symbole royal

Bien qu’à partir du XIIème siècle, le Roi de France (Philippe II Auguste) ait choisi pour emblème principal un végétal, la fleur de lys, nos adversaires continuent à voir dans le coq l’image de la France. Certes, souvent détourné de manière dérisoire, comme simple oiseau de basse-cour, face au lion britannique ou l’aigle du saint-empire germanique. [1]

                             

C’est à partir de la Renaissance (XIVe siècle) que les rois de France s’emparent du symbole pour en faire un emblème valorisant. Cette symbolique positive s’appuie d’abord sur le coq de vigilance chrétienne. Charles V est alors décrit comme un coq veillant sur ses sujets comme le faisait le clergé sur ses sujets.

C’est surtout le coq attribut de dieux romains, paré de courage et pugnacité, que le roi cherche à incarner.[1]

 

L'Opus Davidicam, dédié vers 1495 à Charles VIII par le moine mendiant italien Jean de Legonissa, s'ouvre sur une page de garde où deux coqs blancs (référence aux dieux romains) soutiennent les armoiries aux fleurs de lys et foulent aux pieds un serpent et un renard.[3]

Plus tard, la Gauloise de Bresse (blanche) deviendra la volaille des rois, et se trouve toujours au menu officiel des repas présidentiels.

 

Aux débuts du XVIIe, voici le symbole reconnu, proclamé, en 1601, pour la naissance du dauphin Louis, fils d’Henri IV, est rappée une médaille sur laquelle l’enfant royal est accompagné d’un coq planté sur une sphère, le globe terrestre.

La toute nouvelle place royale (actuellement Place des Vosges) est décorée d’une alternance de coqs français et de de lions espagnols, à l’occasion des fiançailles du même Louis avec Anne d’Autriche.

La même décoration sera reprise pour les fiançailles de Louis XIV et de l’infante Marie-Thérèse. [1]

 

Louis XIV, roi-soleil et donc Apollon, chérit particulièrement le coq. Louis XIV ira même jusqu’à faire créer par le peintre Lebrun un « ordre français », destiné à remplace les ordres anciens, représenté de palmes de la victoire, des visages d’apollon-soleil et de coqs vigilants.[1]

 

 

Symbole du peuple

On retrouve le Coq Gauloise sur une gravure populaire qui représente le monde paysan, à la veille de la Révolution, avec au-dessus de son chapeau le symbole de la France, maladroitement colorée en bleu, blanc, rouge.

 

Mais ce qui encra définitivement l’image du coq au peuple français, c’est la révolution.

Dès 1789 le coq apporte toute sa vigilance sur l’étendard des gardes nationales. Il est aussi représenté juché sur un canon, avec la devise « Je veille sur la Nation ». Une monnaie de la révolution est créée en 1792, pour illustrer le génie ailé gravant la constitution, accompagné du Coq vigilant.

 

En juin 1804, Napoléon tente de faire disparaitre toute trace du coq, y préférant l’aigle des légions romaines.

Louis-Philippe se présente en héritier de la Révolution et rétablie le symbole du Coq gaulois à la France, allant

jusqu’à renier celui du lys en 1831. Une manière de renier son passé monarchique et de se relier avec le peuple,

qui en a fait son symbole identitaire.

Il ornera alors de nombreux monuments historiques, comme par exemple, le Panthéon ou l’arc de triomphe.

En 1845, lorsque le ministre de la guerre tente de remplacer par une couronne le coq des uniformes et des hampes

des drapeaux, c’est le soulèvement. Le peuple s’insurge et la presse devenue libre, caricature le peuple plumé par

le régime de Louis-Philippe. On ne touchera pas au coq gaulois !

 

L’emblème était bien devenu un symbole du peuple, et non celui de l’état.[1]

 

[1] Les emblèmes de la République – Bernard Richard

[2] Pour une préhistoire du Coq Gaulois – Colette BEAUNE

[3] Yuval Noah Harari - Sapiens

[4] Wikipédia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaule

[5] https://fr.wikipedia.org/wiki/Monnaie_gauloise

[6] https://cnosf.franceolympique.com/cnosf/actus/4829-du-roi-au-peuple-histoire-du-coq-gaulois.html

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La période du haut Moyen-Âge (476 – 987), nous laisse peu de traces de cet emblème, comme pour oublier le règne romain qui prend fin en 476.

Si l’on se tourne vers les auteurs profanes, l’image du coq est associée à bien des défauts. Comme la luxure, puisque le coq chante sans cesse l’amour et passe sa vie à batailler pour la possession de ses poules. Ou l’orgueil, car il chante bien haut son triomphe pour signifier que désormais, tous doivent lui obéir. L’aspect belliqueux adoubé par les romains, devient un comportement de fanfaron, coléreux et agressif. Dans le vocabulaire courant, coquart signifie fanfaron et niais, et coqueter auprès des dames est un vice.

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